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MARS / AVRIL 2021 20 OPINION Un vent de ch a ngement espéré à Tr a nsports C a n a d a John McKenna | Président et chef de la direction, Association du transport aérien du Canada | www.linkedin.com/in/JohnMcKenna-ATAC A vec la nomination, le 8 janvier dernier, du nouveau ministre des Transports en la personne de l’honora ­ ble Omar Alghabra, député de Mississauga, le transport aérien aura t il en f in le champion tant espéré à Ottawa? Le nouveau ministre, un proche de Justin Trudeau, aura-t-il le temps de donner le coup de barre nécessaire dans ce ministère avant la tenue du prochain scrutin? Plusieurs prédisent que les élections pourraient être au menu ce printemps, dépen- dant du succès que connaîtra la campagne de vaccination pan- canadienne. Nous espérons que monsieur Alghabra s’avérera le ministre qu’exige la situation catastrophique que vit notre industrie de- puis maintenant un an. Un ministre qui dé f ie son ministère plutôt que d’encenser ses positions et politiques trop souvent élaborées en silo. Un ministre qui rencontre, consulte et s’en- richit de l’expérience et des opinions des parties prenantes importantes du secteur dont il a la responsabilité. Un ministre qui comprend la différence entre consulter et informer. Un bon ministre n’accepte pas qu’un an après le début de cette pandémie, malgré le dernier discours du Trône prometteur, le Canada, à l’exception de l’Italie, demeure le seul pays du G7 qui n’a pas offert une aide f inancière sectorielle à ses trans- porteurs aériens. Un bon ministre n’attend pas qu’il soit trop tard avant d’agir, mais se refoule les manches et démontre du leadership. Il est encourageant de constater que le ministre Alghabra ne semble pas captif de son ministère. Son annonce de repousser l’entrée en vigueur précipitée de l’obligation des voyageurs qui rentrent au pays par avion de séjourner à leurs frais à l’hô- tel jusqu’à ce que la logistique soit f inalisée a été accueilli avec soulagement. Souhaitons que le commentaire issu de son ca- binet à l’effet que les Canadiens n’avaient qu’à transiger par les États-Unis pour aller dans le Sud n’était qu’une maladresse malheureuse d’un néophyte dans son entourage. Malheureusement, l’encouragement à l’initiative et au gros bon sens ne viendra pas du bureau du premier ministre. La lettre de mandat supplémentaire adressée au nouveau minis- tre des Transports le 15 janvier était très circonscrite en ce qui a trait au transport aérien et très vague quant aux réalisa- tions attendues, surtout en ce qui a trait au transport aérien. « En reconnaissance des conséquences uniques de la COVID 19 sur le réseau de transport aérien canadien, travailler avec la vice première ministre et ministre des Finances, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie et la ministre du Dé ­ veloppement économique et des Langues of f icielles, et avec le soutien du représentant spécial pour les Prairies, sur des me ­ sures concernant le secteur du transport aérien qui permettent aux Canadiens de se faire rembourser pour les vols annulés en raison de la pandémie, qui fassent la promotion du secteur aé ­ rospatial vert et novateur du Canada, qui maintiennent l’infra ­ structure aérienne régionale, favorisent le développement économique régional et permettent la croissance dans d’autres secteurs clés tels que le tourisme. » Ces mots traduisent clairement l’intention du gouvernement de lier l’aide f inancière aux transporteurs au remboursement des billets non-utilisés à cause de l’interruption du transport aérien par la pandémie. Il est vrai que certains transporteurs sont aux prises avec des remboursements qui compromet- traient sans aucun doute leur survie, mais la survie de dizaines d’autres exploitants dépend désespérément d’une aide f inan- cière gouvernementale. L’énoncé des intentions du gouvernement doit maintenant se traduire en actions concrètes pour assurer le maintien de l’in- frastructure aérienne régionale et aider notre industrie à sur- monter les obstacles majeurs résultant de la pandémie. Or, c’est tout le contraire qui se passe alors que chaque nouvelle restriction anéantit davantage les tentatives de recouvrement par l’industrie. Nous souhaitons vivement que le ministre Alghabra s’avère le champion tant attendu pour le transport aérien au Canada. Qu’il se lèvera au Conseil des ministres pour faire entendre la raison lorsque les solutions proposées sont inapplicables dans le secteur du transport aérien dans son ensemble. L’industrie espère qu’il fera reconnaître par ses collègues l’im- portance du transport aérien au Canada et le rôle essentiel qu’il joue dans la connectivité canadienne. Plus de 150 com- munautés au Canada dépendent entièrement du transport aé- rien régional pour leur survie socio-économique. Les députés font des représentations à cet effet depuis des mois auprès du caucus national gouvernemental, mais leurs doléances et leurs tentatives d’aider à préserver le service aérien régional ne trouvaient pas preneur. La solution pour relancer le transport aérien est simple, par- ticulièrement en région. Elle doit passer par une aide f inan- cière aux intervenants déjà investis dans ces communautés. Les autorités doivent à tout prix éviter de se laisser séduire par les projets coûteux qui miroitent des résultats irréalistes et non viables. La bonne gestion des deniers publics doit avoir pour effet de diluer l’enthousiasme des gouvernements fédé- ral, provinciaux et locaux lorsqu’appelés à contribuer f inan- cièrement tant pour la mise en place que pour combler les dé f icits inévitables de projets issus du rêve plutôt que fondés sur la réalité qu’encadre l’exploitation d’un service de trans- port aérien régional. Q

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