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Le 23 février 2015 était la Journée nationale de l’aviation, il y a

de cela 106 ans. En 1909, le Silver Dart a pris son envol. C’était

le premier engin motorisé plus lourd que l’air dans le ciel cana-

dien. Cette même année, Louis Blériot, à bord de son Blériot XI,

devint la première personne à voler au-dessus du English

Channel (La Manche).

Récemment, le pilote d’essai Rob Erdos a revécu l’expérience en

pilotant une réplique de cet avion, symbole des tout premiers

aéronefs. Voici ce qu’il en a pensé… « Cela doit être le plus court

rapport de l’histoire remis par un pilote. Après tout, le vol en

question a duré à peine 10 secondes. Néanmoins, 10 secondes

en altitude dans une réplique du Blériot XI 1909 étaient suffi-

santes pour me transporter à plus d’un siècle en arrière, à l’aube

du premier vol motorisé. J’ai découvert que de voler à cette

époque valait son lot de risques et de défis! »

La conception même du Blériot est célèbre, vu la vision de son

concepteur pour ce vol innovateur, Louis Blériot. L’avion utilisé

par Rob Erdos était une réplique très précise, construite par une

équipe de dévoués volontaires du

Canadian Aviation Heritage

Centre

pour commémorer le premier vol d’un aéroplane moto-

risé (mots en vogue à cette époque).

Un monoplan dans le ciel de Montréal

Il est facile d’oublier que, dès ses débuts, l’aviation avait une aura

d’aventure et de prestige. Les exploits d’aviateurs de renom ont

généré beaucoup d’enthousiasme auprès du public et les inno-

vations amenées avec le temps ont su démontrer le vaste poten-

tiel de l’aéroplane.

Durant l’été 1910, une compétition dans le domaine de l’avia-

tion, appelée

La grande semaine de l’aviation de Montréal,

a eu

lieu près de l’actuelle ville de Pointe-Claire. Parmi les pilotes

émérites appelés pour performer figurait un Français, Jacques

de Lesseps, devenu le second pilote à traver-

ser la Manche à bord d’un Blériot X1 baptisé

« Le Scarabée ». Il présenta son Blériot à la compétition et en-

chanta la foule, le 2 juillet 1910, en effectuant un superbe vol al-

ler-retour au-dessus du centre-ville de Montréal.

C’était cet événement que l’équipe du CAHC a voulu commémo-

rer. « La chance d’inspecter le Blériot construit par le CAHC est

un privilège unique. La section aérodynamique est mince et pro-

fondément cambrée; plus cerf-volant qu’ailes selon les stan-

dards modernes. La réplique du stabilisateur horizontal du

Blériot possède une cavité dans ses barres tubulaires, là où est

fixée la gouverne de profondeur. Le contrôle de vol est primaire,

une sorte de petite roue de bateau, montée sur un manche à ba-

lai, qui passe au travers d’une structure primaire en bois, action-

née par des fils d’acier. Il est à la fois léger et très résistant malgré

son apparence fragile. Sa construction complexe mais simple me

rappelle celle d’un violon.

Il y a une vieille expression lors des tests de vol autrefois qui di-

sait : « L’apparence d’un avion décidera de sa qualité de vol ». Cet

anachronisme aéronautique est désuet mais joli. Je suis impa-

tient de l’essayer. Pendant la construction de la copie, qui a duré

15 ans,

tout fut respecté minutieusement, sauf quelques points

clefs : comme sonmoteur original (un trois-cylindres Anzani peu

fiable et faible) que l’on a remplacé par un radial de 110 chevaux

Rotec. Avec le temps, la construction est devenue plus ardue, non

seulement à cause du moteur mais par les pièges que compor-

tait sa conception. Les surfaces de tissus aux ailes, par exemple,

brillaient grâce aux couches de divers vernis et de peinture. Je

doute que Blériot lui-même ait consacré autant de soin sur ses

avions. Comme conséquence, cela aurait entraîné un léger sup-

plément de poids. Il a fallu donc les alléger et, au dernier mo-

ment, la décision fut prise de remplacer la lourde roue de queue

par une béquille de cale

(tail skid).

Une poignée de hache modi-

fiée fit l’affaire. Le résultat donna quandmême une réplique très

fidèle à l’original.

Le Blériot (moderne) devait aussi voler pour accomplir l’enga-

gement pris par les fondateurs du CAHC, de Godfrey Pasmore à

Lorne Trottier, le mécène qui a fourni le moteur Rotec.

Cependant, l’objectif était de faire un simple tour de piste, car

l’avion avait beaucoup trop de valeur pour prendre des risques

inutiles. Comme pilote d’essai, ma participation devint plus sé-

rieuse au moment où l’avion fut transporté à l’aéroport de

Hawkesbury, en août 2014, pour les préparatifs. L’assemblage et

l’installation sous la supervision de

Richard Plante

(responsa-

ble du projet) ont pris une bonne partie de la journée.

À suivre…

MAI / JUIN 2019

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SAVIEZ-VOUS QUE ...

Par Roger Coupal

| Archiviste, Fondation Aérovision Québec |

rcoupal@aerovision.org

Le Blériot XI premier aéronef

à survoler Montréal en 1910

Louis Blériot

Blériot XI